Escapade à Marrakech

Article : Escapade à Marrakech
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22 juin 2019

Escapade à Marrakech

Pour clôturer nos deux années de master avec tout ce qu’elles avaient de pression : dossiers à rendre, exposés à préparer, partiels et oraux réussis ou ratés, entre mémoires et soutenances, nous avons pris l’avion, Danielle, Marithsa et moi, destination Marrakech. Objectif : villégiature.

L’université est une expérience extraordinaire. C’est mon point de vue. C’est une affirmation qui peut ne pas faire l’unanimité, mais je persiste à le croire. Parallèlement à cette quête du savoir et d’une certaine compréhension du monde, c’est un lieu de rencontres et d’échanges déterminant pour notre avenir.

Après s’être apprivoisé en Master 1, le petit groupe d’amis que nous sommes devenus a longé ensemble les murs des amphithéâtres, des salles de cours et des rayons des bibliothèques de l’Université d’Orléans. Ce voyage au Maroc est pour nous un moyen de mettre un point final à une aventure qui n’aura pas été sans embûches. Pour certains d’entre eux nous, l’aventure s’arrête ici. Tandis que pour d’autres, l’aventure ne fait que commencer (je me suis réinscrit dans un autre master, soif de découvrir d’autres univers). C’est ainsi la vie, nos chemins se croisent, se perdent, pour mieux construire l’être que nous sommes. Laissez-moi vous conter cette aventure, qui aura fortement marqué notre amitié.

A la descente de l’avion – ©Soucaneau

L’angoisse

Je n’aime pas prendre l’avion (j’en parle souvent dans mes récits de voyages, coup d’oeil sur celui-ci), mais j’aime découvrir d’autres lieux, d’autres cultures, d’autres visages, écouter d’autres points de vue sur la vie, découvrir d’autres saveurs, d’autres gastronomies : tout ce qui fait la richesse de notre différence et de notre unicité. Mais pour ce faire, il devient presque inévitable d’emprunter ce moyen de transport. L’angoisse est toujours là, mais la curiosité de découvrir d’autres contrées prend toujours le dessus. Avec les récents crash du modèle Boeing 737 Max, j’avais bien précisé à mes amis organisant l’aventure que je ne monterais pas dans ce modèle-là. Telle était ma stupeur, quand à 2 heures du vol, je me suis rendu compte que j’étais dans l’un d’entre eux, le Boeing 737-800, différent du 737-Max mais le 737 dansait dans ma tête pendant tout le voyage.

À ma droite, un couple asiatique dort profondément, se réveille de temps en temps pour manger des gâteaux, boire de l’eau, pour ensuite se rendormir. Un autre couple avec deux petites filles n’arrivent pas à rester en place, les fillettes ont jugé bon que le couloir de l’avion était leur terrain de jeu. Derrière le couple asiatique, une femme est plongée dans un roman, elle soulève la tête de temps à autre, scrute les comportements des passagers et prend des notes. Peut-être une écrivaine ou une journaliste, pensais-je. Un peu plus à l’avant, un groupe d’amis discute à voix haute, prend des selfies et planifie leur soirée en boite. A plusieurs reprises, un homme d’âge mûr, assis à l’avant de l’avion, traverse le couloir à pas cadencés, regarde tout le monde dans les yeux, ce qui agace Danielle. Moi, je regarde, je mémorise tout et je prie pour que cet engin me dépose à terre le plus tranquillement possible.

L’arrivée

Nous arrivons à Marrakech à 18h15, la chaleur du pays nous accueille dès l’ouverture de la porte de l’avion. Il fait 29°, le soleil brille de tous ses feux. Tout l’opposé de la température laissée à Paris, mais on est heureux d’arriver à bon port. Notre chauffeur de taxi nous attend avec le sourire. Sur le chemin vers le riad, il nous donne en quelques mots les pouls du pays, de la ville. C’est le retour d’un pèlerinage à la Mecque en Arabie Saoudite, l’aéroport est bondé, le parking impraticable. En laissant l’aéroport, je découvre l’architecture des maisons, les mélanges de couleurs, une circulation dense et dangereuse, une impression de déjà-vu, de déjà vécu (beaucoup de similitudes avec Port-au-Prince). Mais Marrakech avance, construit, modernise et regarde vers l’avenir.

Du thé à la menthe en guise de bienvenue

Thé marocain
Dégustation de thé – ©Soucaneau

Le salon tient une place importante dans l’architecture de la maison marocaine, c’est un lieu où on reçoit les amis, la famille et les étrangers de passage. Notre hôte nous reçoit dans ce grand salon aux motifs rouge qui surplombe l’entrée de la pièce. Nous nous asseyons, las de 6 heures de voyage (2 heures en bus et 4 heures en avion), une grande théière est posée au centre de la table, l’odeur de la menthe remplit tout le riad. Une manière de nous souhaiter la bienvenue sous les cieux marocains. Le thé au Maroc est un savoir-faire qui se transmet de génération en génération, un moment pour créer des liens, échanger sur des sujets de société.

Le riad

Notre riad, une maison couleur terre, fait partie d’un complexe, avec porte d’entrée et sécurité. Inspiré de l’architecture du centre historique du Maroc et décoré de manière traditionnelle, le riad allie tradition, modernité et confort. Le Maroc est reconnu pour la variété de ces riads, offrant aux touristes un logis confortable, à moindre coût. C’est aussi l’un des moteurs de l’économie du pays.

Premier jour

Le jardin Majorelle

Notre aventure marocaine débute par la visite du Jardin Majorelle, très prisé par les touristes. C’est un îlot de verdure et de calme au centre de Marrakech. En traversant la porte d’entrée, on est tout de suite happé par le cachet des lieux : fontaines, bassins de poissons aux différents coloris, coins détente, couloirs drapés de fleurs,  kiosques aux motifs du pays. Le décor mélange l’artisanat local, le savoir faire des peintres, sculpteurs et paysagistes locaux. Le jardin est la cohabitation parfaite de la nature et du centre-ville commerçant.

Ancienne propriété d’un peintre français, Jacques Majorelle, il a été acquis par Pierre Bergé et le créateur Yves Saint-Laurent en 1980. En 2008, après le décès de Yves-Saint-Laurent, Pierre Bergé fait don du jardin à la Fondation Pierre Bergé. Aujourd’hui, le jardin est dirigé par la fondation portant son nom, la Fondation Jardin Majorelle.

Le Jardin Secret

Notre journée se poursuit dans les rues de Marrakech, le soleil est assez doux et un vent frais souffle sur la ville. Après la découverte du jardin Majorelle, notre chauffeur-guide nous conduit vers un autre jardin situé au coeur de la ville, “le Jardin secret”, à l’intérieur de la médina. Aux alentours du jardin, des vendeurs proposent l’artisanat local. Une explosion de couleurs et de créativité.

Le Jardin secret est la cour du riad le plus antique de la médina de Marrakech, selon un pamphlet qui nous est remis à l’accueil. Il est composé d’un jardin exotique et d’un jardin islamique, de plusieurs fontaines et bassins qui démontrent l’importance de l’eau dans ce type de construction et son parcours des montagnes jusqu’au centre-ville. Le jardin est le reflet de l’architecture locale, il garde encore ce luxe ancien, un lieu de pouvoir où les propriétaires recevaient leurs amis et invités pour de somptueuses réceptions.

La Palmeraie et les chameaux

La Palmeraie est un vaste terrain planté de palmiers, situé en périphérie de la ville. Elle permet à tout un chacun, touristes ou locaux, de venir goûter à l’expérience de la traversée du désert à dos de chameau. Depuis la préparation de notre voyage, c’était l’une des expériences “à faire” de notre liste. Nous avons voyagé pendant une soixantaine de minutes à dos de chameau, comme des aventuriers en quête d’un rare trésor. Pendant tout le trajet, le guide nous conte histoires et légendes qui ont nourri l’imaginaire marocain. 

©Soucaneau

Deuxième jour

Lundi est jour de marché, au pied des montagnes d’Ourika, reconnue pour sa température, ses chutes d’eaux et le style de vie coupé du temps qu’elle offre, s’étale le marché berbère, plein à craquer. C’est le jour des provisions pour les familles de ce village. Nous nous faufilons à travers les rayons des vendeurs de moutons, des vendeurs d’épices et d’artisanats. Un peu plus haut sur la route menant vers les montagnes, une organisation réunit des femmes productrices de l’huile d’argan et d’autres dérivés comme la pâte à tartiner faite avec des graines d’argan torréfiées au miel et d’autres produits de beauté fabriqués de manière artisanale par des femmes de la localité.

Nous laissons la boutique pour longer la route vers les montagnes, l’air devient de plus en frais, la ville et son décor sont derrière nous. Nous découvrons des villages flanqués dans les montagnes, avec une population travailleuse, avide de vivre, carburant au soleil, à l’air frais et ayant la nature comme lieu de vie.

Ce qui fait l’attractivité des montagnes d’Ourika, ce sont ses six chutes d’eau. Des touristes et des habitants de la zone empruntent les pentes abruptes des montagnes pour les visiter, se prendre en photo et admirer depuis les flancs des montagnes des villages au loin, comme des villes ombres, oubliées dans le décor. Pendant la descente, j’ai été rattrapé par ma peur du vide, (scène enregistrée par Danielle, qu’on ne diffusera pour rien au monde). Au pied des montagnes, des restaurants et bars improvisés, aux décors insolites, accueillent les aventuriers assoiffés et affamés à leur descente.

Troisième jour

Un séjour à Marrakech demande à coup sûr de se plonger dans l’histoire du pays et la version non orale de cette histoire est marquée par la présence des lieux de cultes comme les mosquées, les différents palais, les grandes places publiques et les souks (marchés). Les différents tons ocre des habitations individuelles, riads ou bâtiments administratifs sont un élément essentiel de l’architecture. À proximité du désert et ensoleillé une bonne partie de l’année, j’ai compris que la couleur ocre apaise la chaleur et les rayons du soleil.

Notre périple ce troisième jour a été la découverte d’endroits historiques comme le palais de Bahia, la mosquée de Koutoubia (la plus grande mosquée de Marrakech) et le tombeau des Saadiens. Des lieux historiques et culturels, témoignant de l’audace et de l’imaginaire de tout un peuple. Nous avons terminé cette journée dans un souk du centre ville, pour acheter quelques souvenirs de ce délicieux voyage.

Le Marrakech du rire

Pour clôturer une semaine riche en rebondissements

Le festival fut l’une des expériences incontournables de notre voyage. Ce fut un vrai plaisir d’assister au “Gala Africa”, l’un des spectacles ouvertures du festival, réunissant une pléiade de comédiens de tout le continent africain. Nous avons ri jusqu’aux larmes.

Gala Africa – ©Soucaneau

Quoi d’autre ?

Des chats, beaucoup trop de chats

On pourrait penser que Marrakech est la ville des chats, il y en a beaucoup. On ne peut ne pas les remarquer. Danielle, ailurophobe (phobie des chats, des ronronnements et des poils), en a fait un peu les frais. Les chats sont partout, ils font partie du décor, s’infiltrent dans les bâtiments publics, sur les places, dans les arrières-cours, traversent les rues, les voitures s’arrêtent pour les laisser passer. A Marrakech, les chats se pavanent comme des rois.

Pour les femmes, se couvrir

Visiter un pays étranger nécessite de faire des recherches au préalable sur la façon de vivre de la population locale, leurs coutumes et traditions. Même si le but du voyage est le tourisme, il est de bon ton de faire preuve de compréhension et de respect dans la manière de s’habiller et de se comporter. Le Maroc est un pays musulman, les femmes se couvrent totalement. Lors de nos passages à certains endroits, j’ai vu le regard, assez méprisant, des femmes voilées sur celles qui ne le sont pas, j’ai vu le regard curieux des hommes sur ces femmes-là. Et à chaque sortie, je m’assurais que mes consœurs (Danielle et Marithsa) avaient de quoi se couvrir, pas par obligation mais par respect et aussi parce que je ne pouvais pas supporter ces regards-là sur elles.

Les Souks, lieux de vie, piliers de l’économie

Vous l’avez compris, le souk est un marché traditionnel où on peut trouver de l’artisanat et beaucoup d’autres produits. L’avant dernier jour de notre départ, nous avons voulu nous frotter un peu plus à la population locale, nous avons donc troqué notre taxi privé pour la marche à pied, à destination de l’un des souks les plus célèbres du centre de Marrakech, situé sur la place Jemaa el fna. Le soleil était encore haut dans le ciel, la chaleur commençait à se faire sentir, nos téléphones portables affichaient 29°. Nous traversons les rues comme si nous avions toujours habité Marrakech, mais on voyait clairement que nous n’étions pas d’ici. Sur le chemin, des jeunes nous proposaient, dans toutes les langues, de nous emmener à notre destination, moyennant un frais. Par mégarde, nous avons suivi l’un d’entre eux qui nous a carrément égaré dans l’une des artères du centre ville. Le conseil de tous ceux qui ont déjà visité Marrakech et pour ceux qui souhaitent la visiter un jour, est de ne jamais suivre un pseudo-guide dans les rues, il vous demandera de l’argent et pourra même vous agresser. Ce fut le seul petit désagrément de notre voyage, ce qui nous aura permis d’entrevoir un autre visage de la ville. Après une dizaine de minutes à discuter avec lui, nous avons repris notre route, perdus dans des ruelles étroites qui se ressemblent toutes, où des motards circulent à leur guise, frôlant les piétons. Après avoir marché une bonne vingtaine de minutes, demandant notre chemin à des femmes d’âge mûr, nous nous sommes retrouvés sur la place tant vantée par les sites de voyages.   

La place Jemaa el fna attire par la diversité de ses commerces où tout est entremêlé. Au beau milieu, des charmeurs de serpents et des dresseurs de singes proposent de vous prendre en photo en compagnie de leur animal, moyennant une certaine somme. Le jus d’orange, très prisé, servi au petit déjeuner dans notre riad et dans les restaurants, se retrouve à tous les coins de rue et au centre des souks, offert par des vendeurs ambulants. Des restaurants, des terrasses et des boutiques de produits artisanaux entourent la place. Après quelques courses, un taxi moto en forme de calèche nous dépose devant notre riad.

Dois-je conclure ?

Je pourrais vanter encore longuement les vertus du voyage, mais je pense que vous en avez déjà une idée. C’est toujours plus intéressant de faire fi des on-dit, d’aller voir au-delà des apparences et des clichés. Ce voyage nous a permis de découvrir un pays avec une culture riche, une identité forte, des traditions et des coutumes qu’ils sont heureux de suivre et d’honorer. Nous avons pris plaisir à longer les rues de Marrakech, ses matinées fraîches, ses soirées illuminées et joyeuses, et l’odeur du thé à la menthe qui exprime tout haut le bonheur de se retrouver.

Nous avons repris l’avion pour Paris où des responsabilités nous attendent : des stages à terminer, des rapports et un mémoire à rédiger.

 

 

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