Chronique de confinés

Article : Chronique de confinés
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6 décembre 2020

Chronique de confinés

On est samedi matin, 2e jour du deuxième confinement. Réveillé il y a quelques instants, un copieux petit déjeuner prolonge ma matinée (café, baguette, beurre d’arachide et jus d’orange). L’enceinte diffuse une sélection de musique soigneusement choisie sur l’application Deezer. Confiné pour encore un mois, j’ai pas mal réfléchi à la manière d’aborder ce deuxième volet. Pas question de me laisser affecter par l’enfermement comme ça a été le cas la première fois.

Sans vouloir devenir redondant, j’aime bien le silence, l’éloignement et la solitude. Mais pas quand on me l’impose du jour au lendemain. Le confinement est nécessaire pour arrêter la propagation du virus. Et ce texte n’a pas pour ambition de remettre en question les décisions du gouvernement. J’écris, parce que j’ai envie de vivre cet enfermement, autrement. Cette fois-çi, je prends le dessus, je prends le pouvoir. Pour faire différemment et vous proposer une autre voix que la mienne, j’ai proposé à un de mes amis, de partager avec moi son expérience du confinement. Témoignages. 

L’invité

© Pixabay

Ce deuxième confinement est apparu comme une évidence. Il est inévitable et nécessaire. Lors du premier épisode, je vivais au jour le jour, laissant les actualités et les études rythmer mes journées. Des journées, des semaines puis des mois. Je commence ce second confinement dans l’espoir que nous ne serons pas enfermés une deuxième fois chez nous pendant deux mois. La fin de ma semaine de congés approche, mais le travail à distance qui m’attend prochainement me donne l’impression que ces vacances vont se trouver prolongées. Je commence déjà à réfléchir aux moyens de m’occuper : n’importe quoi serait bon pour fuir l’ennui et éviter de revivre une période interminable. 

Fermé, annulé, ou reporté. J’ouvre mes messages, mes mails, et ce sont les mots qui reviennent. J’envoie des messages à mes amis, éparpillés, confinés, chacun dans un coin de la France. 

Célébrer en étant confiné

Il y a quelques jours de cela, je fêtais mon anniversaire. Si on peut appeler ça fêter, car retrouver tous ses proches, famille et amis n’avait pas la même saveur que les autres années. On limite les embrassades, les contacts, on lit dans les yeux de l’autre, de loin, d’un cousin, d’une grand-mère, toute la réjouissance d’être avec des personnes qu’on aime. J’ouvre ensuite quelques cadeaux, toujours un peu ému de voir la générosité de tous. Se contenter d’un simple “merci” a été difficile, pour moi et probablement pour tout le monde, d’une manière différente. 

Cette guerre contre le virus aura eu des impacts à bien des niveaux. Une guerre dont la victoire repose sur notre capacité à rester cloîtrés, presque sans contact avec l’autre. Notre capacité à ne rien faire en quelque sorte. Pour certains, c’est comme si la vie s’arrêtait ; le seul but étant de survivre, une nouvelle fois. Mais moi, je vis. Je vis autrement, en voyant le temps passer d’une manière différente. Mon quotidien, je le planifie en adoptant progressivement une petite routine. Je me douche, puis me coiffe, pour rester présentable lors des cours à distance, je fais du sport, regarde des séries, cuisine…

En fait, ce sont des habitudes, mes habitudes, et celles-ci me suffisent pour me sentir vivant. Elles me rappellent ma vie, avant 2020, où tout était possible. Ainsi, je vis chaque journée ancrée dans cette routine qui se met en place petit à petit et qui me donne l’impression que je vais sortir de chez moi, sans un masque sur le visage. 

Une année de doute…

2020 aura été l’année de toutes les surprises, l’année des changements et des remises en question. Chacun a revu les fondamentaux de son mode de vie en faisant un point sur soi, sur ses projets, ses relations, son avenir. Étant reclus, les gens ont changé. Même seuls, ils se sont retrouvés dans l’effroi, dans le doute, plus solidaires entre eux. Toutefois, aujourd’hui, ils voient un horizon plus clair.

La panique liée aux chiffres grandissants à la veille de ce confinement, la peur que suscitait l’annonce d’un nouvel enfermement et surtout la hantise d’être privé de nouveau de notre bien le plus précieux, notre liberté, semblent bien loin. Et finalement, maintenant bientôt arrivés au terme de cette triste année, je me dis que les gens ont compris que rester chez soi à ne rien faire valait mieux que de chercher à s’occuper de ce que l’on ne peut résoudre. Cette guerre est bientôt finie, mais je continue de m’armer de patience. 

Paul, étudiant à l’Université d’Orléans.

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