Expérimenter Petit-Goâve autrement
Pendant que les autres mettaient le cap sur la 3e ville du pays, les Cayes, pour le carnaval national de cette année. J’ai décidé aussi de faire mon sac à dos. Cinq jours de non-activité, une aubaine pour les flemmards, j’essaie donc de me convaincre que je n’en suis pas un.
C’est toujours mieux d’expérimenter de par soi-même, de faire fi des rumeurs. Destination Petit-Goâve, reconnue pour son fameux Dous Makòs, j’ai voulu découvrir ce que la localité pouvait offrir à part son succulent fondant multicolore. C’est une promesse que je me suis faite depuis mon retour de Madagascar, visiter le pays profond, surmonter cette peur de l’inconnu et surtout cette crainte des longs voyages. Si j’ai pu tenir 11 hrs d’affilée dans un avion, pourquoi pas 2 heures dans un bus.
En route vers Petit-Goâve, laissant l’effervescence de Port-au-Prince et son embouteillage monstre. Je me suis laissé aller à contempler les plantations au large des routes. De Carrefour, Gréssier, Mariani, le bus refuse l’entrée de Léogane et le carrefour Dufort qui mène vers Jacmel. Les quelques kilomètres restants ouvrent les portes sur Grand-Goâve, les marchands ambulants offrent rafraichissements et friandises. Du Morne Tapion étant, route qu’il faut emprunter avec beaucoup de prudence, Petit-Goave s’étale au loin, touffue sous une couche de végétation, vivant au rythme des vagues nonchalantes de la mer. Les raisons pour lesquelles Petit-Goâve doit être votre prochaine destination touristique.
Le Dous Makòs

Petit-Goâve est reconnu pour son Dous Makòs, ce fondant multicolore qui flatte le palais. On aura même l’audace de demander la recette, mais vous ne l’aurez pas. Il faudra revenir pour vous en procurer et soutenir l’économie locale.
Balanier

L’une des nombreuses plages de la localité, pour y accéder il faut oser être aventurier si on emprunte la voie terrestre. Chausser ses bottes de campagne et suer un peu en escaladant les montagnes non-accessibles aux voitures. On peut y accéder aussi par voie maritime en louant les services d’un chalutier pour le parcours. On y découvre une mer turquoise qui offre tout le farniente qu’on peut souhaiter. La blancheur du sable fin et les chatoiements de l’eau ont cette magie de revigorer le visiteur.

Le poisson

Coupable, oui je le suis. Amateur de poisson quelle que soit la recette. Grillé, frit ou en sauce, je ne dirai pas non. C’est un plat abordable dans toutes les villes côtières du pays. Si vous passez sur la plage de Bon Repos, demandez pour France la cuisinière, vous en sortirez satisfait.
Vie nocturne
Petit-Goâve ne ferme pas ses portes à l’inconnu. Les nuits Petit-Goâviennes sont partagées entre la musique entrainante des bars et les conversations des familles sur leur véranda. J’ai marché sur les dalles de la ville, conversé avec des Petit-Goâviens, lu la gazette de la ville qui est une publication de la mairie.
L’amitié, tout une aventure
A chaque ville ses trésors, ses piliers, ses rêveurs qui essaient de tenir le flambeau allumé. J’ai eu le privilège de rencontrer trois d’entre eux, en la personne de Jeff Oresna, Obed Lamy, Mustapha Falestin. Ils sont plus que motivés à faire un impact positif dans la vie de leur génération. A travers leur organisation Educ-Ha group ils organisent un concours de débat interscolaire intitulé »des mots pour convaincre » dont la deuxième édition s’ouvre au cours de ce mois de mars. « Sinema anba Zetwal », projections de films en plein air dans les quartiers défavorisés. Ils ont distribué des kits scolaires aux écoliers démunis à la rentrée scolaire 2016-2017. A l’instar de tant d’autres Petit-Goâviens, à travers leurs activités, ils envoient l’image d’une génération motivée, passionnée, qui malgré les pressions que subit la jeunesse haïtienne, décide de faire la différence. A eux trois, ils m’ont permis de découvrir ce que la ville a comme potentialité et d’expérimenter Petit-Goâve autrement que ce qu’on raconte.
Commentaires