L’attente
C’est fou comme on change. En l’espace de quelques années, nous sommes devenus étrangers l’un à l’autre. Toi qui me promettais l’éternité et moi qui faisais pareil. J’en arrive à me demander si ce “nous” que nous avons construit existe encore ? Si tout ça n’était qu’un chapitre d’un roman à l’eau de rose ? En attente d’une réponse.

J’avais trouvé en toi cette personne à laquelle je voulais remettre la clé de moi, peut-être était-ce trop lourd comme responsabilité ? Peut-être qu’il ne faut pas demander aux autres de nous porter, de nous aider à nous construire, de nous aider à guérir de ces blessures centenaires que nous portons aux tréfonds de notre être ? Puisque la société nous fait croire qu’on n’est pas fait pour marcher seul, je voulais croire que j’avais trouvé cette âme avec laquelle j’allais tracer le reste du chemin. Comme un enfant tout excité devant le cahier quadrillé et sa boite de crayons de couleurs, j’avais dessiné ce que demain serait. Toi, tout ce que tu voudrais être et moi avec mes piles de livres et l’écriture pour donner du sens au quotidien.
J’aurais dû te demander peut-être ta vision de ce lendemain ? L’avais-je dessinée tout seul, sans ton avis ? Et du coup, tu ne t’es pas retrouvé dans les couleurs que j’ai choisies.
Je voulais être là. Je voulais être ce rocher qui arrêterait la violence des vagues, ces hautes montagnes qui feraient barrage aux vents forts. Mais au final, j’ai senti que tu n’avais pas envie ni besoin d’un rocher, que tu l’étais pour toi-même. Que tu étais ton propre bouclier et que tu arrêtais les coups tout seul. Je te regarde sur le ring de la vie, je te vois parer les coups, je les sens, je saigne même. Tu te relèves à chaque fois et tu continues la bataille. Peut-être est-ce cela qui m’avait attiré, cette force inconnue qui brillait dans tes yeux. Ne pensant qu’à moi-même et inconsciemment, je me suis dit que j’allais puiser dans cette lave pour coller mes fêlures.
Écrire pour survivre
Je t’écris peut-être par pur égoïsme, parce ça me tue de savoir que d’autres te regardent, te désirent. Je t’écris aussi parce que la distance n’a pas éteint le feu, parce que je crois encore en ce lendemain. Si j’avais encore à le dessiner, tu choisirais tes propres couleurs.

Est-ce qu’il y aura d’autres lettres, je n’ai aucune certitude. Je sais que tant que je pourrai encore tenir un stylo et taper des lettres sur un clavier, il y en aura. Il y aura aussi des poèmes, des nouvelles, des récits, des romans. Tu seras partout, plus qu’un souvenir. Un personnage. Une image qui ne s’effacera pas. En attendant, je suis l’étranger assis à la gare, en train d’attendre.
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