Se dérober de l’air du temps

Article : Se dérober de l’air du temps
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30 décembre 2018

Se dérober de l’air du temps

Après une longue journée à poireauter à l’aéroport d’Orly (7h d’attente avant mon vol), j’ai laissé Paris à destination de Montpellier. L’avion volait à basse altitude, on pouvait admirer l’architecture des villes qu’on survolait grâce aux jeux de lumière. Ce sont les fêtes de Noël. Des marchés de Noël, des luges et des décorations lumineuses augmentaient la beauté des villes. De l’avion une vue féerique sur Paris et les villes environnantes s’offraient à moi.

Cet énième voyage en avion me confirme ce que je savais depuis le début : j’aime voyager, mais pas en avion. Je n’arrive pas à taire le bruit des moteurs dans mes tympans. Je scrute et interprète les moindres petits bruits des moteurs, je suis attentif aux moindres mouvements des hôtesses. Ayant suivi un cours sur la communication non verbale, j’essaie d’interpréter ce sourire centenaire et figé qu’elles nous envoient. Bon, je résume : j’ai peur de l’avion. Pas besoin de discourir là-dessus plus longtemps.

Assis dans une allée de trois sièges, la femme à ma gauche était perdue dans un roman et l’homme à ma droite, un « geek » barbu, regardait un manga sur son ordinateur portable. Pour faire passer le temps et essayer de me distraire, je lisais et relisais l’éditorial d’Air-France Madame sans pouvoir en saisir le sens. Les gens qui lisent dans les avions, vous me direz bientôt comment vous faites. N’ayant pas pu lire le magazine, je me suis mis à réfléchir à l’avenir.

Déconnexion
La déconnexion, voilà à quoi j’ai réfléchi pendant le reste du voyage. Comme un moine bouddhiste, perdu dans la méditation dans les montagnes. Je me dis qu’un jour, je prendrai une telle décision, pas de devenir moine, mais de me déconnecter du monde extérieur et de me reconnecter avec moi-même.

crédit : RodosvetYoga/pixabay

Habiter une maison sans connexion aucune, sans téléphone intelligent et sans mille applications pour rendre ma vie soi-disant plus vivable et plus facile. Aujourd’hui, on a cette impression qu’on est perdu, fini, si on n’est pas connecté. Comment vivaient les générations pré-smartphone, pré-internet ? On peut essayer de se poser la question. Pour ma part, je reconnais les avancées de la technologie et tout ce qu’elle permet de faire, et d’ailleurs, elle est très présente dans mon métier. Mais d’un autre côté, elle nous éloigne un peu plus chaque jour de la quintessence de notre être. Un jour je vivrai dans une maison perdue dans les bois, avec des centaines de livres tapissant les murs. Je boirai du thé, j’écouterai le chant des oiseaux, le ruissèlement du lac, je méditerai sur l’essence de la vie.

Je ne cherchais pas à être spirituel, plutôt à taire le bruit des moteurs de l’avion dans mes tympans. Le pilote annonça qu’on allait atterrir, les crissements des pneus sur le tarmac me firent un bien fou.

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