Entre confinement et confusions

Article : Entre confinement et confusions
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30 octobre 2020

Entre confinement et confusions

Je commence à écrire ce texte sans avoir de titre. Habituellement, le titre s’impose à moi, impulsé par une image, une parole ou une séquence d’un film. Un fil à tenir qui dirige l’élan des mots, la teneur des phrases. Mais là, obscurité totale et je dois m’y faire. Le monde autour de nous est en train de changer. Je vous mets en garde dès les premières phrases, j’écris sans savoir où je vais. Mes idées sont confuses. Vous pouvez choisir de sombrer dans la folie avec moi ou tout simplement de fermer cette page web. 

En essayant d’aligner les mots les uns derrière les autres, la télé est allumée, l’émission Clique reçoit la comédienne Florence Foresti qui revient sur sa présentation des Césars, Jamel Debbouze raconte sa rencontre avec le chanteur Barry White et comment cela a bouleversé sa vie. La porte qui donne sur le balcon est ouverte, le vent entre doucement et rafraîchit la chambre. De mon lit, j’entends marcher mes voisins du dessus. Ils marchent lourdement, comme s’ils voulaient écraser le sol, « mon plafond », et descendre me demander des comptes. Je les entends marcher, cuisiner, jouer, baiser. J’en peux plus. 

On est à 3 semaines de confinement, j’envoie des SMS à mes amis et connaissances à l’autre bout du monde pour prendre des nouvelles. Ils sont éparpillés au Brésil, au Chili, en Haïti, aux Etats-Unis, en Espagne, en République Dominicaine, au Canada, et suivent avec la même curiosité l’évolution de la pandémie. Quotidiennement, les journaux publient les bilans, les chiffres augmentent dans certains pays et reculent dans d’autres. Sur les réseaux sociaux, ceux qui ont trouvé le secret du confinement écrivent des articles, font des vidéos, des podcasts, pour dire aux autres comment il faut le vivre. L’Haïtien en moi les regarde du coin de l’œil. Comme si inévitablement, il fallait trouver une solution à tout. Pourquoi on ne peut pas tout simplement se contenter d’avancer ensemble dans le noir, dans l’incertitude ? 

Étant un habitué et un passionné de solitude, j’avais cru que cet isolement allait me réjouir et me permettre de travailler sur l’un de ces nombreux projets qui me trottent en tête, ou de terminer un de ces nombreux bouts de texte qui gisent çà et là sur mon ordinateur. Mais ça n’a pas été le cas, j’ai perdu toute motivation et toute notion de créativité. J’ai regardé passer chaque jour comme un long film sans rebondissement. Ce virus nous a frappé comme un gros coup de poing sur la gueule, on ne s’y attendait pas et on n’y était pas préparé. Nous sommes en guerre, a dit le président français. Ce discours a eu pour effet d’épaissir les murs de notre liberté. On ne peut plus sortir sans raison, sans des documents à présenter en cas d’interpellation. 

Rester productif, même en temps de crise 

Pixabay

Chers confinés, c’est ainsi que commencent les nombreux mails des responsables de formations de l’Université d’Orléans. Les mails arrivent tous les jours, ils essaient de trouver des solutions pour pouvoir clôturer l’année universitaire. La pression augmente, il faut continuer à étudier, à rédiger les mémoires, à suivre les cours par Skype, par Team’s, à faire les dossiers. Il faut être productif, même en temps de guerre. D’un côté, je suis admiratif de tout l’effort fourni par les équipes pour nous permettre de continuer les études en étant confiné, mais d’un autre, on n’a pas eu le temps de se préparer et de faire passer le message à notre cerveau. 

Pendant ce confinement, j’ai dû suivre des cours à distance, réviser, passer des examens, télétravailler et soutenir un mémoire, et pendant tout cela, rares sont ceux qui ont pris le temps de demander « est-ce que ça va aller ? » Une petite phrase qui aurait fait toute la différence. La vie doit continuer, même si tout autour de nous s’écroule. 

Affaire à suivre…


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Commentaires

Fa
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Bon courage pour cette saison 2 Beaux Yeux!

Soucaneau Gabriel
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Merci d'avoir lu Fa, bon courage à tou également.

IlhamTalks
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Je viens de tomber sur votre article, j'ai choisi de sombrer dans la folie avec vous et je m'y suis retrouvée. Très bon courage!

Soucaneau Gabriel
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Bonjour IlhamTalks, merci davoir lu. Bon courage à vous également!