Vingt-troisième édition de Livres en Folie, plus grande foire du livre en Haïti
Pour mieux connaitre un peuple, il faut fouiller dans sa littérature. Je ne me souviens plus où j’ai lu ça ou si je l’ai inventé de toutes pièces. Mais ça me saute au visage comme une évidence, qui peut mieux, à part ses écrivains, nous faire visiter les couloirs d’un pays, son histoire, ses mœurs, ses rêves et ses secrets. Une centaine d’auteurs ( soit 145 et 2369 titres disponibles) ont signé leurs dernières œuvres. Livres en Folie est le rendez-vous par excellence du lectorat haïtien et de tout étranger présent sur le territoire désireux d’en savoir un peu plus sur ce peuple résilient aux vents des quatre coins du monde. Organisé le 15 et le 16 juin, Livres en Folie, c’est deux jours de folie autour du livre.
L’année dernière, nous nous sommes délectés avec plaisirs des œuvres de Marie Vieux Chauvet, l’invité d’honneur de la 22e édition. Pour ma part, j’ai lu avec avidité et plaisir ‘’Amour, Colère et Folie’’, une œuvre majeure de l’auteur. C’est toujours un grand moment pour les organisateurs de la foire du livre de dévoiler quelques mois à l’avance le visage qui sera l’invité d’honneur. Pour cette 23e édition, ils nous ont gâté avec deux invités à l’affiche. Deux visages. Deux générations. Deux parcours différents et bien sûr deux démarches différentes. Odette Roy Fombrun et Makenzy Orcel. Deux figures majeures de la littérature contemporaine haïtienne.
La cour du Musée du Panthéon National Haïtien (Mupanah) a vibré sous le poids de l’activité. Près de dix mille personnes ont fréquenté l’espace le premier jour, selon Frantz Duval au micro de Radio Soleil. Frantz Duval est le rédacteur en chef du quotidien haïtien Le Nouvelliste, organisateur de l’évènement.
Livres en Folie est une vitrine qui présente les dernières parutions des auteurs. C’est aussi un lieu de rencontres et de découvertes. Pour ma part j’ai rencontré pleins d’amis que j’avais perdus de vue. Entre salutations, achat de livres et séances signatures, quelques impressions.
Une ligne interminable. L’entrée se faisait en face du Musée de la Faculté d’Ethnologie et lorsque j’ai vu ces deux lignes interminables, j’ai failli rebrousser chemin. Heureusement que mes potos Obed Lamy Et Mustapha Falestin m’ont dissuadé, un peu de patience et quelques minutes plus tard, on passait le portail de sécurité.
La grande foule. Le Mupanah fut choisi pour son accessibilité. Placé au cœur du Champs-de-Mars au centre-ville, c’est le lieu idéal cette année pour réunir les auteurs en signatures, les maisons d’édition, les lecteurs et surtout les curieux en quête de tout et n’importe quoi. Sauf que la cour du Mupanah était rempli comme un œuf, ce qui a rendu la circulation difficile et l’achat de livre un peu pénible. C’était comme au carnaval. Pendant les deux jours 17 000 visiteurs ont fait le déplacement d’après les chiffres avancés par Le Nouvelliste.
Complètement perdu. Pris en sandwich de tous les côtés par cette foule en quête de livres ou d’autres choses, je ne sais pas, moi, il m’était un peu difficile de m’orienter. Où trouver les livres ? Où sont les auteurs ? Où payer ? Cela m’a pris quelques minutes pour avoir une idée de tout ça et m’orienter avec plus d’aisance. Une description du site à l’entrée aurait permis plus de fluidité.
Encore des lignes. Pour vérifier que les livres sont disponibles, pour payer et pour les récupérer. Il fallait de la patience. Mais j’aurais tout fait pour L’ombre animale et La marquise sort à 5 heures.
Mes achats de l’année
L’ombre animale de Makenzy Orcel et La Marquise sort à cinq heures de FranckÉtienne sont mes achats de cette année. Ces achats sont pour moi une façon d’entrer dans le monde de ces écrivains. J’ai lu quelques vers de FranckÉtienne par le passé,mais j’ai voulu une invitation plus intime. Et à travers ce livre, je sens (je ne saurais vous l’expliquer) que Franck m’ouvre une porte, me tend la main et me dit d’entrer. De même pour Makenzy Orcel, j’avais entamé Les latrines il y a quelques temps déjà mais je ne l’ai pas terminé. L’ombre animale est cette carte d’invitation pour une visite qui se promet d’être riche en rebondissements. Les latrines, j’y reviendrai.
Inquiétude
En voyant l’affluence de cette foule sur le site de la foire, je me suis demandé s’ils sont tous là pour acheter des livres ? Ou est-ce le besoin d’activité récréative qui réunit ce beau monde ? Je souhaiterais que le livre reste ce qu’il est, avec ses légendes, et non la tendance du mois, la mode qu’il faut à tout prix porter si on veut être dans le vent. Le livre n’est pas une célébrité d’un moment. Le livre est intemporel. La lecture sauve des vies.
Et maintenant que vous vous êtes offert ces bouquins, soit parce qu’ils ont été écrits par la célébrité du moment ou parce que vous êtes un lecteur qui suit l’œuvre d’un écrivain comme moi je le fais avec Lyonel Trouillot et Yanick Lahens, lisez-les.